Pierre d’attente et fleurs configurées – Encres de Jean Millon – Les Cent Regards, 2014

« La chute immédiate après la perte des eaux est le moment

que choisit l’invisible pour faire irruption sous la peau »


« Autant que l’eau elle est la source

Autant que le poisson elle préfigure l’oiseau

En elle une étincelle ruisselle

À sa vue la nuit noire trouve le toit d’un repas chaud

Mais il n’est pas une fenêtre qu’elle n’ait voulu saisir

De son pouls pierreux

Autant que l’air elle respire

De sa parole dépend le débit des cours d’eau

L’inclinaison des collines

Le torrent des pluis et l’écho »

Cartons à poèmes – Illustrations de Christophe Liron – Clapàs, 2011

 
Tu es belle dans la minute

On dirait du papier rempli de chocolat

Tu es belle sans savoir ni comment ni pourquoi

Le climat se réchauffe tu en as plein les doights

Tu es belle dans un monde où pour devenir roi

Il faudrait une reine et je ne vois que toi

Personne d’autre ne pourra monter

Avec la fumée sur le toit

Tu es belle comme du papier de soie

J’ai vu au fond d’une bouteille

Le message oublié qui flotte entre les doigts

Le monde se ferme

A la lisière des villes des oiseaux

chantent encore

Mais ils n’ont pour voler

Que la volière close des lucarnes

et des pigeonniers

Tu es belle comme un éclat de voix

Parfois la nuit je te regarde

On dirait que tu sors toute froissée d’un encrier

Et je n’ai pour te voir

que deux yeux et un crayon noir

Tu es belle dans la minute où j’écris ce poème

Afin qu’en le lisant chacun puisse l’entendre

En oubliant le tableau noir